DPE : comment l’État veut garantir sa fiabilité totale
Longtemps critiqué pour son manque de fiabilité, le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) entre dans une nouvelle ère. Deux décrets publiés en juin et juillet 2025 visent à le rendre infaillible, transparent et incontestable.
On le sait tous : le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu incontournable. Il conditionne la vente d’un logement, sa mise en location, et détermine même si un propriétaire peut continuer à louer ou non.
Problème : depuis des années, sa fiabilité est remise en cause. Résultats incohérents, erreurs de calcul, soupçons de fraudes… difficile de faire confiance à un document aussi stratégique.
Le gouvernement a donc décidé de frapper fort. Deux décrets publiés en juin et un arrêté en juillet 2025 posent les bases d’un DPE « irréprochable ». Voici ce qui change.
Le DPE désormais validé uniquement après l’enregistrement auprès de l’ADEME
Chaque DPE possède déjà un numéro ADEME depuis 2021. Mais jusqu’ici, certains rapports pouvaient circuler avant que cet enregistrement ne soit effectif.
Désormais, le DPE ne sera consultable qu’après validation officielle dans la base ADEME.
Chaque rapport comportera en plus un QR code, permettant de vérifier immédiatement son authenticité en ligne.
Résultat : plus de documents « provisoires » ou douteux.
Des contrôles renforcés et des sanctions réelles
Le gouvernement muscle le jeu côté diagnostiqueurs :
- Examens de certification plus exigeants pour entrer et rester dans la profession,
- QR code personnel du diagnostiqueur obligatoire dès la visite,
- Détection automatique des comportements suspects grâce à un outil statistique intégré à la base ADEME,
- Et surtout : une liste noire des diagnostiqueurs sanctionnés, visible 18 mois (24 mois en cas de récidive).
Clairement, les diagnostiqueurs qui bricolent ou fraudent savent à quoi s’attendre : mise à l’écart, réputation détruite, et perte d’activité.
Plafonnement à 1 000 DPE par an
Un autre texte, publié fin juillet 2025, vient compléter le dispositif :
Un diagnostiqueur ne pourra plus réaliser plus de 1 000 DPE par an (maisons individuelles et appartements confondus).
L’idée est claire : au-delà de ce volume, la qualité du travail est suspecte. Impossible d’évaluer sérieusement un logement si l’on enchaîne les diagnostics à la pelle.
👉 Mais attention : ce plafond n’est pas totalement figé.
Le diagnostiqueur pourra dépasser ce seuil s’il justifie sa situation. Exemple :
- une société avec plusieurs salariés certifiés (et non un indépendant seul) ;
- des marchés publics ou missions massives encadrés (par ex. réhabilitation d’un grand parc social, campagne de DPE sur un quartier entier).
Dans ces cas, le diagnostiqueur devra présenter les justificatifs nécessaires à l’administration pour prouver que la charge de travail est correctement répartie et que la qualité reste assurée.
Autrement dit, le plafond vise surtout à bloquer les pratiques industrielles et frauduleuses, pas à pénaliser les acteurs structurés qui travaillent proprement.
Concrètement, qu’est-ce que ça change ?
- Pour les propriétaires et bailleurs : plus de sécurité, moins de mauvaises surprises, et une vraie garantie que le document reflète la réalité énergétique.
- Pour les acquéreurs et locataires : un DPE transparent, consultable en un clic, sans risque de manipulation.
- Pour les diagnostiqueurs sérieux : une meilleure reconnaissance de leur travail, mais aussi une pression accrue à être irréprochables.
- Pour le marché immobilier : un outil plus crédible, qui sécurise les transactions et évite les litiges.
Avec ces décrets, le gouvernement veut transformer le DPE en une référence incontestable. QR code, enregistrement officiel, contrôles renforcés, plafonnement… tout est fait pour restaurer la confiance et éliminer les dérives.
Reste à voir si ces mesures suffiront à convaincre totalement les Français, mais une chose est sûre : le temps des DPE bâclés est terminé.